mardi 5 juin 2018

Un pays, un combat, des milliers d'hommes


Le Feu des Origines, Emmanuel Dongala, le Serpent à plumes, 2001 (première parution: 1987)

Emmanuel Dongala est un écrivain, professeur de chimie et de littérature. Il est né en 1941 à Alindao en République Centrafricaine et en 1997, il quitte Brazzaville avec sa famille pour fuir la guerre. Le Feu des Origines a reçu le prix Charles Oulmont et le grand prix littéraire de l'Afrique Noire.

A travers un personnage révolté, Emmanuel Dongala fait découvrir au lecteur l'histoire du Congo notamment en mai 1945 et 1954 et de ce fait du point de vue des colonisés, l'auteur retrace les exactions des miliciens, le retour des combattants de la Seconde Guerre mondiale et d'autres bouleversements tout au long de cette aventure. Mandala Mankunku est un homme prédestiné dès sa naissance pour affronter le monde chaotique auquel il est confronté tel qu'il est pris dans la tragédie de la colonisation.

L'auteur à travers ce roman propose une certaine lecture des tragédies qui ont frappées le continent africain. Au-delà du contexte et de la couleur locale, il parvient à dire quelque chose d'universel puisqu'en effet, il s'agit de l'histoire d'un homme tout en ayant une mise à distance de son environnement social, ce qui était une marque d'originalité dans la littérature africaine au XXème siècle. La narration est menée dans une tonalité épique où Emmanuel Dongala fait présence d'une écriture au temps du présent de narration plongeant ainsi le lecteur au cœur des événements. Le Feu des Origines implique des problématiques telles que les responsabilités des Européens et des Africains sont remises en cause ainsi que le maintient ou non de certaines traditions. De plus, le roman manque de repères temporels puisqu'il n'en est constitué que de deux. Le premier en mai 1945 : « On était en mai 1945. C'était la première fois dans sa vie que Massini retenait une date »(p.190); le deuxième en mai 1954 : « On était en mai 1954, le deuxième mois de mai historique à s'imprimer dans la mémoire de Massini »(p.207). Également, dans un certain passage du livre, le lecteur peut retrouver une phrase semblable à la philosophie de Pangloss, philosophie dans Candide : « Où tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes »(p.266). Cette citation très connue peut alors réjouir le bibliomane.

Une citation qui reprend l'identité du personnage principal tout au long de son aventure est : « Il se demanda s'il ne portait pas en lui-même sa propre négation s'il ne fallait pas aussi consumer celui qui avait porté tous ces noms, Mandala Mambou Mankunku Maximilien Massini Mupepe, comme il avait mis le feu à sa demeure, comme ce monde qui s'embrasait derrière lui. »(p.323)


Eva 

1 commentaire:

  1. Article intéressant, l'intrigue est bien présentée à travers le point de vue de l'auteur.

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