Le
Feu des Origines, Emmanuel Dongala, le Serpent à plumes,
2001 (première parution: 1987)
Emmanuel
Dongala est un écrivain, professeur de chimie et de littérature. Il
est né en 1941 à Alindao en République Centrafricaine et en 1997,
il quitte Brazzaville avec sa famille pour fuir la guerre.
Le
Feu des Origines
a reçu le prix Charles Oulmont et le grand prix
littéraire de l'Afrique Noire.
A
travers un personnage révolté, Emmanuel Dongala fait découvrir au
lecteur l'histoire du Congo notamment en mai 1945 et 1954 et de ce
fait du point de vue des colonisés, l'auteur retrace les exactions
des miliciens, le retour des combattants de la Seconde Guerre
mondiale et d'autres bouleversements tout au long de cette aventure.
Mandala Mankunku est un homme prédestiné dès sa naissance pour
affronter le monde chaotique auquel il est confronté tel qu'il est
pris dans la tragédie de la colonisation.
L'auteur
à travers ce roman propose une certaine lecture des tragédies qui
ont frappées le continent africain. Au-delà du contexte et de la
couleur locale, il parvient à dire quelque chose d'universel
puisqu'en effet, il s'agit de l'histoire d'un homme tout en ayant une
mise à distance de son environnement social, ce qui était une
marque d'originalité dans la littérature africaine au XXème
siècle. La narration est menée dans une tonalité épique où
Emmanuel Dongala fait présence d'une écriture au temps du présent
de narration plongeant ainsi le lecteur au cœur des événements. Le
Feu des Origines implique des problématiques telles que
les responsabilités des Européens et des Africains sont remises en
cause ainsi que le maintient ou non de certaines traditions. De plus,
le roman manque de repères temporels puisqu'il n'en est constitué
que de deux. Le premier en mai 1945 : « On était en
mai 1945. C'était la première fois dans sa vie que Massini retenait
une date »(p.190); le deuxième en mai 1954 : « On
était en mai 1954, le deuxième mois de mai historique à s'imprimer
dans la mémoire de Massini »(p.207). Également, dans un
certain passage du livre, le lecteur peut retrouver une phrase
semblable à la philosophie de Pangloss, philosophie dans
Candide : «
Où tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes »(p.266).
Cette citation très connue peut alors réjouir le bibliomane.
Une
citation qui reprend l'identité du personnage principal tout au long
de son aventure est : « Il se demanda s'il ne portait pas
en lui-même sa propre négation s'il ne fallait pas aussi consumer
celui qui avait porté tous ces noms, Mandala Mambou Mankunku
Maximilien Massini Mupepe, comme il avait mis le feu à sa demeure,
comme ce monde qui s'embrasait derrière lui. »(p.323)
Eva
Article intéressant, l'intrigue est bien présentée à travers le point de vue de l'auteur.
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